Du vomi dans l'escalier

Publié le par Jean-Louis Connard

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Dieu que l'hôtel m'avait manqué.
Revenu de deux semaines de congés, je n'espérais qu'une chose : un peu d'animation pour égayer la longue nuit qui m'attendait. Habituellement, je remarque les premières scènes récréatives d'ivresse publique sur le parvis de la gare, où je fume la traditionnelle cigarette dite "d'encouragement". Mais ne vous méprenez pas. J'ai bien conscience que la cigarette est dangereuse pour la santé. C'est pour cela que je fais attention : je recrache la fumée après chaque bouffée. Je ne suis pas con non plus !
Donc, posté comme la vigie du bateau de Rackham le Rouge, je me languissais, bercé par le seul crépitement du tabac qui se consumait. Une fois le mégot jeté, l'ennui m'écrasant, je dus affronter une nuit aussi plate que ma chef de service.
Quel ne fut pas mon bonheur quand, vers cinq heures du matin, une silhouette apparut sur la caméra de surveillance du rez-de-chaussée, volant un Figaro que l'on met à la disposition des clients, et montant les escaliers dans ma direction ! A l'oreille, j'ai pu entendre que la personne s'était arrêtée au premier étage. je me suis donc mis à descendre les quelques marches qui me séparaient du palier, et je tombai nez à nez avec une jeune fille étendue à même le sol, visiblement ivre, avec pour oreiller le quotidien qu'elle avait dérobé quelques instants auparavant. Elle avait environ 18 ans, était d'origine maghrébine, et portait un anorak violet en mauvais sky. C'est également du mauvais sky qui devait stagner dans son estomac, vu l'haleine de cocker qu'elle trimballait. 
"Alors, me dis-je, on boit trop parce que Mourad a été infidèle ? Un reconstruction vaginale est au-dessus de tes moyens ? Ou peut-être Papa te frappe-t-il tous les soirs par amour du respect des coutumes ?"
Je tentai de la réveiller avec des "Mademoiselle" par-ci et des "s'il vous plaît" par-là, mais rien n'y fit. C'est un vigil qui allait devoir s'en occuper. J'eus à peine le temps de l'appeler que j'entendai des toussotements et des râles. Je redescendis donc pour m'apercevoir qu'elle était désormais assise, la tête entre les jambes, une mare de vomi jaune à ses pieds. Une rapide analyse de la flaque gastrique confirma mes prédictions : du Label 5 et des chips à la bolognaise. Le vigil arriva peu après, la souleva, et la traîna littéralement vers la sortie. Je suivis donc la fin de l'histoire sur l'écran de la caméra.
Ils sortirent assez rapidement, mais la jeune beur revînt moint de cinq minutes plus tard, poursuivie par le vigil et deux autres agents de sécurité. A voir comment la diablesse se débattait, sa présence dans le hall de l'hôtel semblait vitale pour elle. Il était d'ailleurs assez incroyable de voir cette frêle enfant à peine majeure tenir tête à trois noirs de 100 kilos. Un peu comme les indiens qui arrivent à dresser les éléphants d'Asie. Elle dut donc quitter les lieux par la force, après une légère lutte qui semblait pourtant équilibrée.
Quand je quittai moi-même l'hôtel, elle se tenait encore devant l'entrée, et me demanda du feu. Je m'inquiétai alors de sa santé, lui demandant si allait mieux, et me rétorqua en hurlant que je n'étais qu'une merde, que je n'étais pas de sa famille (malgré le fait qu'elle m'appela "cousin" à plusieurs reprises), que sa vie ne me regardait pas, qu'elle me chiait dessus, etc...
J'ai mis toute cette haine sur le compte de la peur. Elle allait en effet devoir rentrer chez elle et expliquer à son père où elle avait passé la nuit. Elle allait ainsi comprendre que la perte de son hymen était beaucoup moins douloureuse que la grosse droite paternelle qu'elle allait prendre dans la gueule.
 
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L
<br /> Quel talent!!<br /> <br /> <br />
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