Amour, poire et pâté
Boule à facettes à laquelle il manque quelques mozaïques, bijoux fantaisies à moins de cinq euros exposés sur des visages maquillés à la truelle, musique de bal du camping 1993, ainsi était planté le décor de la fête organisée pour le personnel de ma société. Si la bonne humeur y régnait, il faut tout de même avouer qu'on était loin du VIP ou de l'Etoile. Ici se rencontrent la jeunesse smicarde qui ne sort jamais, ou alors pour un karaoke, et les seniors proches de la retraite qui ne sont pas sortis depuis que la TNT existe.
Autant les cuisiniers avaient fait l'effort de mettre les petits plats dans les grands (nouilles en gratin dans un grand bac en inox), autant les femmes dévouées ont mis leurs petits moches dans des costards Tati. Des costumes d'occasion qui croisaient, non sans fierté, des jupes Jennyfer et des robes C&A.
Croyant évolué dans une soirée de la Jet Set roumaine, il ne me restait plus qu'à passer le temps avec l'ami que j'emmène toujours avec moi : la soif. Peu après, je ne sais plus si j'avais bu 8 ou 23 verres, mais les roumaines aux dents cassées s'étaient métamorphosées en plantureuses californiennes. C'est le merveilleux monde magique qui vous fait danser avec Adriana Karembeu le soir, et vous fait réveiller le lendemain aux côtés d'une Michèle Bernier ronflante et suante. Dans les films, au pied du lit gisent toujours string et porte-jarretelles à même le sol. Mais là, dans ma chambre que j'avais rejoint je ne sais plus comment, c'est un sloggy XL qui me faisait face.
Dépité, mais déchargé, je me rendis compte que cette réunion extra-profesionnelle amenait, comme chaque année, son lot de surprise dans un univers de clichés. Il était temps pour moi de virer la greluche (qui avait sûrement un môme qui l'attendait quelquepart) avant le début du jeu de Nagui. La présence d'un nain gesticulant est toujours plus rassurante que celle d'une mère célibataire...