Des oeillères sur les oreilles

Publié le par Jean-Louis Connard

indiens adultes

 

 

Point n'est besoin d'hurler pour montrer qu'on existe. Si cet adage, aux accents de préciosité bourgeoise je vous l'accorde, est dors et déjà assimilé par la plupart d'entre vous, il n'est pas rare de croiser des personnes qui ne l'ont jamais entendu.

Dans les trains de banlieue, par exemple, vous avez sûrement déjà voyagé en compagnie d'un Indien, nanti d'une superbe moustache et d"un brushing à faire palir Frédéric François, hurlant au téléphone dans sa langue maternelle, l'expression figée dans un sourire béat. Il n'est visiblement pas énervé, mais le volume de décibels qu'il dégage est impressionnant. Serait-il fier de parler une langue qu'on ne comprend pas, crânant devant notre ignorance de cet idiome ? Pourtant, cette langue, à Paris, n'est utile que dans les boutiques de poulet frit... Si vous prenez le même train vers 20h, vous tomberez sûrement sur une de ces congrégations de grosses africaines habillées de draps multicolores, qui viennent de finir de nettoyer les couloirs de l'hôpital qui les emploie. Une fois assises on ne sait comment sur les banquettes du wagon (leurs 4 culs en valent 8), elles se mettent à faire pareil que notre ami l'Indien, sauf qu'elles n'ont pas de téléphone et qu'elles sont plusieurs. Telles des poules, ou plutôt des dindes si l'on se réfèrent à leurs tailles, les voilà en train de piailler dans un dialecte exotique qui sent bon le saturnisme. Etonnant, d'ailleurs, de voir à quel point elles ont de la conversation alors qu'elles ne font aucune sortie culturelle (être à la fois femme au foyer et femme active, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour s"amuser...). Les débats sont tellement passionnés qu'elles ne peuvent parler que d'une chose : la délinquance et l'échec scolaire de leurs enfants. Sinon je ne vois pas.

Je ne sais pas si ma catégorie, celle des VD (Voyageur Discret), est préférable et peut servir de modèle. On est comme des cons, les bras croisés, habitués à chuchoter avec son voisin, non pas par discrétion et civisme, mais surtout par peur d'avoir la honte si des gens entendent nos dires ( principalement des opinions politiques et le résumé de Secret Story 4). Mais sortons de nos coquilles, telle la moule, et contribuons nous aussi aux cacophonies du rail, afin de rendre les voyages en Transilien aussi stressants que déplaisants.

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