Du céleri dans ma purée

Publié le par Jean-Louis Connard

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Le long couloir jaune pisse à l'odeur de naphtaline ne laissait aucun doute à ce sujet. Pas plus d'ailleurs que le fumet signalant la présence de plats réchauffés à la hâte, mêlant courgettes à l'eau, carottes vichy et rôti de porc froid (vous savez, celui avec une croûte de saindoux épaisse de deux centimètres et entourant une viande grise et nervée). J'étais belle et bien dans un hôpital.

C'est olfactivement que l'on repère d'abord les hostos. Seuls ces endroits arrivent à mélanger sans honte les arômes de bétadine et de sauce gribiche. L'ami à qui je rendai visite n'allait pas échapper à ces souffrances, et ses narines non plus : une assiette d'endives aux jambons trônait devant lui. Quel drame ! Au moins, en prison, on a droit aux oranges...

La médiocrité des repas n'est même pas rehaussée par le service. Regardez MacDonald : même si l'on nous propose une tranche de merde coincée entre deux bouts de pain, c'est presque toujours une jolie étudiante de 20 ans qui nous sert. Ici, ton croque-dodu/spaghetti est amené par une femme quincagénaire, aux cheveux courts et frisés, et arborant un immonde poireau situé sous sa lèvre inférieure. On est bien loin de Katsumi dans le film Infirmières à Domicile, qui, elle, savait utiliser les endives.

De toutes façons, comment s'ouvrir l'appétit dans une pièce criant l'impersonalité. Deux lits posés dans un cube blanc et vide. Nous, visiteurs, nous efforçons d'amener une touche de gaieté à ce lieu froid, et il n'est pas rare de retrouver sa tablette de chevet remplie de peluches, de fleurs, de chocolats, de bidules et de trucs. C'était exactement le problème du voisin de chambrée de mon ami, qui était enrubanné de telle manière qu'on l'aurait cru sorti du casting du Retour de la Momie. Sur sa tablette jonchaient pêle-mêle un lion du Crédit Lyonnais en peluche, du Toblerone (intact : il venait de vomir trois fois...), et un livre (neuf, pas besoin de lire, y a la télé qui est gracieusement payée par le voisin). Un vrai panier garni spécial convalescence qui mériterait de devenir générique et d'être vendu à l'accueil de l'établissement.

Alors, dites-moi, comment résister à la sortie de l'hôpital aux effluves de KFC, de Quick et de kebabs qui, même si ces temples de la graisse nous garantissent une fin prématurée, reste des références gustatives pour ceux qui en ont marre des brocolis ?

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