Et Merah mourut.

Publié le par Jean-Louis Connard

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Enfin un moment pour poser son cul devant la télé un bol de popcorn sur les genoux. L’assaut du RAID à Toulouse a tenu en haleine pendant presque trente heures des veaux lobotomisés qui ont abandonné les débats des candidats à l’élection présidentielle. Il faut dire que les enjeux économiques d’un pays sont beaucoup moins intéressants qu’une bonne vieille scène de mitrailles digne du film Heat. Car c’est cela que le public veut voir : un méchant terroriste assiégé par des gentils snipers. Ca, même les cons, ils peuvent suivre.

Et puis quand il y a un drame à la télévision, les gens ne s’étonnent pas de la couverture médiatique. Le Téléthon dure deux jours, le Sidaction est sur toutes les chaînes, alors pourquoi un truc pareil n’aurait pas les mêmes moyens de diffusion ? Les vieux sujets inutiles de campagne refont surface, car ce sont les seuls sur lesquels les électeurs débiles peuvent s’épandre. C’est manichéen, ça redonne du grain à moudre pour les défenseurs de la peine de mort, et les vieux qui regardent Motus ont bien retenu qu’il s’agissait d’un arabe qui avait tué des petits enfants. Là, ça y va, tout le monde à quelque chose à dire. Mais va parler de la crise à ta voisine de 78 ans, on va bien rigoler.

Le spectacle, le show, voilà ce que ça a été. Les téléspectateurs de BFM rêvaient de voir Mohamed Merah sauter par la fenêtre une grenade à la main, ou se prendre une balle dans la tête en gros plan. Pour une société qui fustigeait il n’y a pas si longtemps la violence de Dragon Ball Z, je connais peu d’enfants qui ont eu le loisir de prendre le goûter devant Gulli ce jour-là… Et cela n’a choqué personne.

Même si les politiques ont récupéré l’évènement pour parler de la sécurité, du terrorisme, etc… le vrai point fort n’était pas là. Au diable l’analyse (qui ne vaut vraiment pas le coup, c’était un taré et puis c’est tout), le public voulait des images qui marquent. Mais il ne faut pas trop le blâmer. Quand on sait qu’une place de cinéma coûte dix euros, comment lui en vouloir de regarder un film d’action gratuitement des heures durant ?

Le procès de son frère offrira un autre spectacle tout aussi passionnant : celui du jugement d’un homme haï de tous, éternel scénario qui marchera toujours. On affichera les visages des petites victimes sur les frontons du palais de justice pour avoir le soutien du peuple, il sera condamné à la plus grande joie de tous, et hop ! on sera le 22 avril, et on aura pas eu le temps de parler d’autre chose.

C’est quand même bien fait une campagne…

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