Le Pestaque

Publié le par Jean-Louis Connard

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C’est la première fois que j’assistais à un spectacle pour enfant de toute ma vie d’adulte. A l’heure où les gosses ouvrent des grands yeux devant Shrek et les films d’Harry Potter, je me demandais quelle pouvait être la force d’attraction de ces représentations semi-professionnelles, et je dois dire que je ne fus pas déçu.

Entassés dans un hangar communal appartenant à la mairie, des dizaines d’enfants accompagnés de leurs parents attendaient l’ouverture du show en faisant quelques rondes. Tandis que des personnes de l’association qui organisaient cette représentation commençaient à sortir des cakes et des jus d’oranges en prévision du goûter qui allait clôturer la journée, quelques mamans alignaient des chaises devant l’estrade. Les garnements furent assis en première ligne devant un décor en tissu et en carton-pâte digne de la plus mauvaise émission de Valérie Damidot. Des tréteaux soutenaient tant bien que mal un rideau en patchwork kaki et une musique niaise et répétitive tentait de divertir la salle. Le mauvais goût atteint son comble à l’arrivée de la conteuse : une rousse au cul plat et à la voix stridente. Elle essaya de captivé son auditoire de moins de quatre ans en lisant une histoire abracadabrante sur les quatre lutins des éléments. Après les avoir libérés, elle devait les retrouver avec l’aide des enfants.

Elle aurait pu me demander de l’aide à moi ! Vu les auréoles qu’elle trimballait, je peux affirmer que le lutin de l’eau s’était caché sous ses aisselles. Pour celui du feu, au moins ne l’avait-elle pas au cul. Celui du vent traversa la salle au moment où elle attendait des applaudissements. Enfin, celui de la terre, mieux valait laisser tomber. Comment être crédible, après le terrible séisme japonais de l’année dernière, en créant un lutin qui fait trembler la terre en criant  « Poum Poum Poum » !

Des petits pleuraient de peur, et moi de honte.

Cependant, le goûter qui suivit me remonta le moral. Quel bonheur de pouvoir bouffer et boire gratos alors que je ne paye pas de cotisations, et que je n’ai même pas d’enfants ! Je ne fus guère étonné en voyant que c’est toujours les grosses mamans qui prennent les plus grosses parts de gâteaux. Ces mêmes mamans sont d’ailleurs fantastiques : les mets qu’elles préparent sont destinés à la base pour faire plaisirs aux gosses, mais on assiste en fait à un véritable concours de cuisine. En effet, les mères, et notamment les mères célibataires, s’efforcent de montrer leurs talents de mère au foyer en cassant des œufs et en pétrissant des pâtes brisées. Au diable le bonheur des enfants ! Ce ne sont pas eux qui féliciteront les cuisinières !

J’ai eu l’impression que cette fête pour enfants n’intéresse que les parents. Les mômes se font chier un dimanche après-midi pour que les parents prennent des photos. On leur donne un spectacle d’une intermittente qui peine à faire ses heures pour justifier le prix des cotisations. Une fois le spectacle terminé, les gosses sont enfin libres de courir et de jouer (le moment qu’ils préfèrent), et les parents se gargarisent entre eux de la beauté de leur progéniture en se gavant de Papy Brossard.

Pauvres gosses !

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