La belote à Biloute

Publié le par Jean-Louis Connard

femme-moche

 

Jamais je n'aurais cru que c'était faire preuve de témérité que de s'inscrire à un tournoi de belote de quartier. A peine étions nous entrés, mon ami et moi, dans le bistrot où allait se déroulé le tournoi que la nausée et le vertige me prirent. Ce n'était pas une, ni deux bombes sexuelles qui attendaient accoudées au comptoir, mais aucune. Ici végétaient, entre autres, un portugais à moustache sirotant une Super Bock, une petite brune vérolée au regard perdu, et un petit vieux très sale, planté devant un Ricard, qui avait posé son caniche sur ses genoux. Derrière le zinc, le patron rougeot et titubant essayait d'empêcher sa femme de boire, une Raymonde en santiags dont la brioche dégueulait sous son tee-shirt, tee-shirt qui arborait un "MISS COQUINE" en surimpression au niveau de sa poitrine. C'était la première fois que le patron nous voyait, mais ça ne l'a pas empêcher de nous serrer la main d'entrée. Voulait-il nous fidéliser ? Nous a-t-il confondu avec une de ses connaissances ? Toujours est-il que je m'empressai de lui demander comment faire faire pour s'inscrire avant qu'il n'engage la conversation. C'est à ce moment-là qu'une petite voix éraillée surgit du fond de la salle : "Y a un verre à boire ! C'est déjà payé !" Il nous demanda alors d'attendre un instant afin de redonner un peu de souffle de vie à la quémandeuse.

Vingt minutes après, il n'était toujours pas revenu vers nous, et nous commencions à nous inquiéter. Je le voyais vider demi sur demi, alors que mon compère baissait les yeux, intimidé par le regard insistant d'une sexagénaire aux yeux gourmands qui en aurait bien fait son quatre heures. C'est d'ailleurs elle qui rappela le patron à l'ordre. Le pauvre avoua qu'il était tellement bourré qu'ils nous avait oublié... Bref, peu de temps après, nous étions inscrits, un peu apeurés de ce qui nous arrivera le grand jour du tournoi.

Le lendemain, je dus y retourner pour inscrire deux autres personnes que je maudissait intérieurement. La même populace y était calfeutrée, plus un couple enivré. Je fus à peine étonné quand l'homme se dirigea vers la femme en lui demandant "s'il pouvait lui toucher un nichon".

La peur du tournoi s'était transformé en hâte. J'étais impatient de découvrir les surprises qui m'y attendaient...

 

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