Un Notting Hill de Pacotille

Publié le par Jean-Louis Connard

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Au moins, la semaine dernière, on pouvait bouger son fion au son des chars de la Gay Pride (même s’il valait mieux jeter un œil de temps en temps derrière soi)… Ce week-end, le Carnaval antillais de Paris ne nous permettait pas de danser. Parqués comme des retraités devant le défilé du 14 juillet, des barrières nous empêchaient de nous mêler aux danseurs iliens. Tu parles d’un Carnaval !

L’évènement était apparemment plus un show qu’une manifestation, et vu le résultat, les organisateurs auraient dû y réfléchir à deux fois. Là où les homosexuels paradaient sur de gigantesques et magnifiques chars munis de sonos incroyables, les Antillais défilaient sur des charrettes ou des 4L d’occasion, avec pour toute musique le son qui sortait de leur lecteur CD incrustés sur leur tableau de bord. Là où la fine fleur des DJs proposait les derniers morceaux du moment, Guadeloupéens et Martiniquais ressassaient Francky Vincent et d’autres zouks pourris aux paroles insipides. Les autres îles présentes avaient fait l’effort de venir avec des danseurs et des fanfares folkloriques qui, à défaut d’être de qualité, avaient le mérite de ne pas tricher.

J’observais incrédule le cortège de Marie Galante, dans lequel des hommes en juste au corps, coiffés de papiers crépon et cagoulés de cartons, essayaient d’imiter l’envol des pélicans, quand je vis débouler derrière eux des asiatiques. Il s’agissait du char du Vietnam ! C’est marrant, je ne voyais pas ça dans les Caraïbes, le Vietnam ! Ni d’ailleurs les nations représentées derrière lui : Cap Vert, Gabon, Thaïlande… J’ai la nette impression que la mairie de Paris a confondu Antilles et pays pauvres ! Est-ce bien raisonnable de mélanger tous les pays en manque de représentativité sous la tutelle des Antilles ? Sous prétexte que ces peuples ont peu d’occasion de nous montrer leur folklore, il faut les englober dans un Carnaval qui existe déjà ? C’est le début de l’humiliation, voyons ! Rattacher le Vietnam au Carnaval Antillais, c’est avouer que l’on fait une concession à une minorité qui ne mérite pas d’avoir son évènement culturel à elle.  Ca n’a pas empêché le public d’applaudir dans son ignorance les jolis chinois avec leurs gros chapeaux plats… A mes côtés, un petit garçon demandait à sa maman : « C’est des Chinois de quel pays ? » Elle répondit, sans sourciller : « Oh tu sais… des Chinois, c’est des Chinois, et puis c’est tout. »

Rajoutez à ce spectacle navrant une averse de malade, et vous aurez compris pourquoi le meilleur moment de l’après-midi fut ma pinte de Grimbergen…

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